C'est le spectre que toutes les économies européennes redoutent : la stagflation, autrement dit une forte inflation combinée à une stagnation de la croissance. Ce n'est pourtant pas le scénario de la Banque centrale européenne.
En avril, l'inflation dans la zone euro était estimée à 7,5% sur un an. Un niveau bien supérieur à l'objectif soutenable de la Banque centrale européenne (BCE), qui est de 2% annuel. Après avoir beaucoup dit que cette augmentation des prix était conjoncturelle, l'institution dépositaire de la monnaie unique n'a pu que se rendre à l'évidence : elle va devoir revoir ses taux directeurs à la hausse, une recette que la Réserve fédérale américaine a déjà appliqué pour calmer la flambée de l'inflation aux États-Unis. Depuis quelques semaines, la BCE a donc envoyé des signaux très clairs pour préparer le terrain à une hausse des taux.
Les taux vont augmenter en fin d'année
Dans le quotidien slovène Delo, Christine Lagarde a annoncé que les rachats massifs de dettes réalisés par la BCE depuis 2015 pour remonter des niveaux d'inflation trop faibles, vont être ramenés à zéro au début du troisième trimestre. Ensuite, les ajustements des taux directeurs de la Banque interviendront « quelque temps après et seront graduels », a expliqué la présidente de la BCE. Ce sera donc la première fois depuis 2011 que l'institution relèvera ses taux.
Risque majeur pour l'économie
Quant au risque de stagflation annoncée par plusieurs économistes, Christine Lagarde se veut confiante. « Bien que le degré inhabituel d'incertitude puisse signifier un ralentissement combiné de la croissance et une inflation élevée, la situation actuelle ne peut être comparée à celle des années 1970 », à l'époque du choc pétrolier. La BCE ne voit pas ce scénario du pire à l'horizon. Bien sûr, la guerre en Ukraine et ses conséquences risquent de peser lourd sur l'activité économique non seulement du pays agressé, mais aussi des pays européens.