La Banque de France met en garde Bercy sur les crédits !

A la Banque de France on n’est pas content, et c’est le moins que l’on puisse dire de la tentative de Bercy de faire pression pour faciliter le financement des crédits immobiliers.

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Par Charles Sannat Publié le 7 avril 2023 à 10h19
Revalorisation Mensuelle Taux Usure Credits Immobiliers
La Banque de France met en garde Bercy sur les crédits ! - © Economie Matin
4,3 MILLIARDS €L'endettement global des ménages surendettés est en baisse de 12% par rapport à 2021, atteignant 4,3 milliards d'euros.

Voilà ce que l’on pouvait lire il y a quelques jours dans les colonnes des Echos (source ici), dans un article intitulé « Crédit immobilier : le gouvernement prêt à assouplir certains critères d’octroi  »

« La chute de la production de crédit immobilier commence à inquiéter jusqu’à Bercy. Le ministère de l’Economie et des Finances serait ainsi prêt à ouvrir la discussion sur les critères d’octroi gravés dans le marbre en 2022 par le Haut Conseil de stabilité financière (HCSF). »

En effet les critères imposés depuis le 1 er janvier 2022 fixent un taux d’endettement maximum de 35 % et une durée des prêts limitée à 25 ans. Mais alors que la production de crédit immobilier ralentit, courtiers et banquiers souhaiteraient un peu plus de souplesse.

Faut-il laisser les gens s’endetter plus facilement maintenant ?

Vous connaissez mon point de vue, ou ceux qui me suivent régulièrement le devineront, je pense qu’il est important de ne jamais pousser au crime les gens, de ne jamais les forcer, ou les inciter de manière malsaine ou parfois juste excessive.

Faire croire à un ménage fragile qu’il peut devenir propriétaire facilement, qu’un crédit c’est facile à rembourser, et que les charges se payent toutes seules, n’est pas forcément faire preuve de générosité. Tous les parents savent bien que la démagogie n’est pas la meilleure manière d’élever les enfants. Il faut savoir parfois refuser.

D’ailleurs, en droit « bancaire », endetter un ménage fragile cela est un délit bancaire, et porte le nom de « soutien abusif ». La banque doit toujours s’assurer à ce que l’emprunteur soit bien solvable et les juges sont toujours très sévères sur ce point là et ils ont bien raison.

Lorsque les taux montent très fort, lorsque les travaux énergétiques peuvent être coûteux, lorsque les prix de l’immobilier peuvent baisser, ce n’est pas le moment d’engager sur 20 ans des profils fragiles. Pour ceux qui ont plus de mou, acheter sa résidence principale a toujours un intérêt patrimonial fort. Commencer jeune également.

Les critères actuels du HCSF, n’ont rien de délirants et une capacité de 35 % d’endettement est une bonne limite adaptée dans l’écrasante majorité des cas. Je suis donc complètement aligné sur l’analyse de la Banque de France qui dit que depuis que le mode de fixation du taux d’usure à été revu, il n’y a plus de problème de financement sur le marché immobilier et c’est globalement vrai.

Voici la note de la Banque de France. 

« Nous sommes sortis d’une période de taux d’intérêt exceptionnellement favorables, liés à la politique monétaire accommodante menée depuis 2015. Le crédit immobilier revient aujourd’hui logiquement aux niveaux de taux d’intérêt et de volume de production de la période antérieure à 2015.

C’est en France, cependant, que cette normalisation se passe de façon la plus progressive et ordonnée pour les emprunteurs : le crédit y est moins cher, plus abondant et plus sûr que chez tous nos voisins européens. Le bon réglage du taux de l’usure, désormais mensualisé, y contribue. L’accès au crédit reste équitable entre les différentes catégories d’emprunteurs (dont les primo-accédants) et les différents âges.

La moindre production du crédit immobilier, qui fait suite à plusieurs années de très forte croissance du crédit à des taux très bas, s’explique aujourd’hui avant tout par la moindre demande des ménages. Ils ont satisfait beaucoup de leurs demandes durant ces années, y compris jusqu’au premier semestre 2022. Ils attendent de façon assez logique la stabilisation des prix de l’immobilier. La remontée des taux d’intérêt rend bien sûr les emprunts
moins attractifs et certaines mensualités trop lourdes.

Les mesures d’octroi du HCSF ne jouent pas, à l’inverse, de rôle significatif dans le ralentissement du crédit :
– Elles sont en vigueur depuis début 2021 et ont coïncidé avec 18 mois de production record. Comme le HCSF l’avait annoncé, il ne s’agissait pas en effet de rendre le crédit plus rare, mais de le rendre plus sûr ;
– Ces mesures coïncident avec une pratique prudentielle du secteur bancaire consistant à limiter le taux d’effort à 35 % maximum et limiter la durée des prêts à 25 ans (à un niveau significativement plus élevé que les habitudes du passé). Elles sont assorties d’une flexibilité de 20 % qui n’est utilisée que partiellement par les banques, à 14,5 %;
– Elles ont été adoptées à l’unanimité par le HCSF qui, lors de sa dernière réunion du 7 mars, en a relevé la bonne application. Le HCSF estime que ces mesures permettent de protéger aussi bien les Français emprunteurs que les prêteurs – la solidité des banques ;
– Les flexibilités accordées aux banques sont à 80 % réservées aux primo-accédants. La proportion de ces derniers dans les nouveaux crédits accordés est stable, ce qui valide l’équilibre d’ensemble des mesures.

Modifier aujourd’hui ces normes de protection ne changerait pas le cycle normal du crédit immobilier ; par contre, ceci risquerait de pousser nombre de ménages vers des situations de surendettement à durée longue et taux plus hauts. Ce serait le plus mauvais moment pour le faire, alors que l’endettement des ménages français, à 66 % du PIB, est déjà supérieur au reste de la zone euro et à tous nos grands voisins.

Au-delà d’éventuels aménagements à la marge, il est important de ne pas déséquilibrer le financement sain de l’immobilier comme base du développement durable de ce secteur ». Source Banque de France ici.

Attention aux crises de crédits !

Ces crises menacent toujours les banques car en cas de hausse significative des incidents de remboursement, c’est la solvabilité des banques qui est en jeu, et cela menace également directement les foyers, les ménages, les familles endettées, qui peuvent tout perdre et au-delà des dégâts financiers, les dégâts humains peuvent être ravageurs.

Alors, oui, il faut encadrer les crédits, car l’usage de l’emprunt nécessite toujours de la prudence et de la pondération aussi bien à titre personnel que collectif. Mesurez toujours votre recours aux crédits.

Mon pépé me disait toujours, il n’y a que pour deux choses que tu peux emprunter, pour acheter ta voiture ou pour acheter ta maison, bien que pour ta voiture, le mieux c’est quand même de l’acheter au comptant, même si elle est d’occasion. Résultat je roule en Dacia, mais sans crédit, à cause du pépé !!

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu.

Préparez-vous !

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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