Je pense que peu de monde et spécialistes n’ont pas évalué le déséquilibre financier et pas que, qu’a provoqué la mise en place de cette retraite à 60 ans par ordonnance, alors que les pays d’Europe avaient presque tous des départs à 65 ans.
La retraite a 60 ans en 1983 a complètement mis la France à terre
5 années de seniors en retraite d’un coup, c’est tout un pan financier, économique, humaine, perte d’expérience qui s’envole d’un coup.
Ci-dessous le calcul de cette baisse de PIB, sans compter la perte non chiffrable des expériences perdues.
(Moyenne des salaires au moment de partir en retraite)
Pour compléter les pertes d’horaires travaillés, il est possible d’ajouter :
- La cinquième journée de congés (Ordonnance du 13 janvier 1982)
- Les 39 heures payées 40h (1er février 1982) Mesure qui devait réduire le chômage ! (Ordonnance du 13.01.1982)
- Le 8 mai redevenu férié (supprimé par G. d’Estaing) (Loi du 02 octobre 1981)
Pertes horaires par année pour ces 4 changements :
337h pour la retraite à 60 ans, 48h pour la baisse à 39h, 40h pour la 5ème semaine, soit un total de : 425 heures perdues/an.
Cette retraite a 60 ans, les autres modifications d’horaires, de social ainsi qu’au revirement total de politique économique, ont mis la France à terre.
A la rigueur gestionnaire antérieure, le nouveau gouvernement a lancé 110 propositions de François Mitterrand comprenant un plan massif de déficit public qui a dégradé rapidement la compétitivité française sur le plan international. Sauf un rebond en 1982, la croissance s’affaisse fortement à partir de 1983. La politique sociale du gouvernement creuse massivement les déficits. Le chômage explose passant à 19,3% et celui de longue durée encore plus. La durée moyenne de recherche d’emploi passe à 10,7 mois. La dégradation se poursuit sans discontinuer jusqu’en 1985.
C’est surtout la chute de l’emploi industriel qui amène la hausse du nombre de demandeurs d’emploi sur cette période entraînant les premières délocalisations. Le taux de chômage passe ainsi de 7,9 à 10,9%. Le déficit presque à zéro sous Raymond Barre en 1980, s’envole à 2,4% du PIB en 1982.
Face à la dégradation des principaux indicateurs économiques le gouvernement Mauroy décide de changer de stratégie, appelé tournant de la rigueur.
Pensant sortir du SME (Système Monétaire Européen), le FMI (Fond Monétaire International) prévient d’une possible mise sous tutelle. Le président choisit le maintient du SME et approuve un programme d’austérité négocié par Jacques Delors à Bruxelles. Ce plan présenté le 25 mars, prévoit de nouveaux prélèvements dont 14 milliards d’emprunts obligataires et 24 milliards sur le public d’économies budgétaires. Le tournant de la rigueur est pris.
Pour marquer ce virage, il fera appel en juillet 1984 à Laurent Fabius qui sera nommé l’homme de la rigueur. Il ne sera plus question ni de nationalisation, ni de politique explicitement anti-patronale, ni d’éradication définitive du chômage. La gauche s’en trouve déboussolée et va se déchirer entre deux tendances, ceux qui crieront à la trahison, ceux qui conspuent tout économiste en fuyant vers un renoncement et d’autres n’ayant pas d’idée pour surmonter cette impasse politique.
Ce qui a encore fortement diminuer le niveau de vie sous la bannière de François Mitterrand, ce sont les 5 dévaluations du franc.
La 1ère en octobre 1981 de 3%
La 2ème en juin 1982 de 5,75%
La 3ème en mars 1983 de 3,75% sachant que le Mark Allemand et le Florin Hollandais sont réévalués de 4,25%, soit une baisse de 8% par rapport à ces 2 monnaies !
La 4ème en avril 1986 de 3%.
La 6ème en janvier 1987, le Mark est réévalué de 3% et le Florin de 2%.
En 1977, le Mark était à 108, le Franc à 100.
Au passage à l’euro le 03 janvier 2002, le Mark valait 3,35385 Francs français.
Le Franc suisse qui était à 1,19FF en 1980 et passé à 8,16FF en 2001 !
En France pour compenser les générosités accordées et les dévaluations qui ont suivies, il a fallu trouver de l’argent pour renflouer les caisses, toutes les caisses.
Le taux de PO (Prélèvements Obligatoires) a fortement augmenté entre 1960 et 2006, puisqu'il est passé d'environ 30 % du PIB à près de 45 %.
Depuis les années 1980, les partis de droite ont traditionnellement tendance à réclamer son allègement, et ceux de gauche, à plutôt privilégier les objectifs de redistribution fiscale dans un objectif de réduction des inégalités.
Les cotisations sur salaires étaient de 6% en 1950, puis 12,82% en 1981. Elles sont passées à 20,92% à la fin de la présidence de François Mitterrand en 1995. Soit 8,1% de hausse
La CSG créé en 1991 par Michel Rocard (1er Ministre) a contribué à la forte augmentation des cotisations ainsi que la CRDS qui a suivi. Avec en plus des prélèvements sur les retraites et aussi sur les indemnités chômage qui n’avaient aucune retenue. (D’où une forte perte de pouvoir d’achat des retraités et chômeurs)
La création du RMI en octobre 1988 (Actuel RSA) n’a pas non plus arrangé les caisses de Sécurité sociale et des départements. Rappel : 100.000 familles à l’ouverture, plus de 2 millions aujourd’hui !!
Conséquences : Le niveau de vie qui avait fortement augmenté de 1970 à 1980, a stagné jusqu’en 1997, puis a repris une hausse assez importante ensuite.
Pour en rajouter, en 1998/2000 les 35 heures ont encore freiné fortement l’activité, entraînant une baisse des marges brutes des entreprises jusqu’à 28,5%. Les Allemands étaient à 41%. La productivité horaire a augmenté nous plaçant dans les premiers mondiaux, mais en global compte tenu du faible nombre d’heures travaillées sur la durée de vie (60 ans et 35 heures), nous sommes passés à la 25ème place puis à la 29ème. « Ce n’est pas la peine de se fatiguer sur une heure si nous en faisons moins que les autres sur la durée ».
Ce qui a retardé un peu notre déclassement, c’est la fécondité française qui était encore à 2 enfants par famille. Malheureusement depuis 4 ans elle s’effondre passant à près de 1,7 enfant.
Autre perte de classement : Notre positionnement mondial.
Au XVIIIème siècle la France était première Puissance Economique Mondiale devant la Grande Bretagne. En 1961, les USA sont premiers, la Grande Bretagne 2ème, la France 3ème.
En 1963, La France passe 2ème devant la G.B.
En 1967, le Japon passe devant la France 3ème.
En 1971, l’Allemagne devient la 2ème puissance, la France 4ème.
En 1985 et 95, c’est l’Italie qui nous devance.
En 1997, la France est 5ème.
En 2014, la France 6ème.
En 2017, la France 7ème derrière l’Inde.
Cette descente continue correspond à notre dégringolade dans de nombreux domaines : santé, éducation, militaire, industrie…
En 55 ans, La France est passée de la 2ème à la 7ème place mondiale, entraînant dans son sillage le niveau moyen de sa population et son influence dans les affaires du monde !
Conclusion :
Les réductions des temps de travail et d’activité ont, complètement déclassé la France, diminué considérablement notre tissu industriel, débouché sur un déficit gigantesque, le plus fort par habitant d’Europe. Cela a aussi augmenté fortement les prélèvements obligatoires, fait stagner le niveau de vie, augmenter très fortement les aides sociales : 1er du monde, 53% de du budget national avec 760 Mds par an, ce qui masque notre taux de pauvreté, qui sans toutes ces aides, nous classeraient à un niveau des nations moins développées.