Alors qu’un rapport parlementaire préconise de trouver « des recettes supplémentaires estimées entre 200 et 250 millions d'euros par an » afin de financer la construction et le fonctionnement du Grand Paris Express, les présidents des sept départements d’Ile-de-France et le MEDEF Ile-de-France expriment leur désapprobation de la gestion de la Société du Grand Paris.
Grand Paris Express : 250 millions d’euros supplémentaires devront être trouvés tous les ans
Déjà en retard par rapport au calendrier initial et plombé par des dérapages budgétaires, le Grand Paris Express, le nouveau « supermétro » de l’Ile-de-France, vient de voir son coût réévalué une nouvelle fois. Dans un rapport parlementaire remis au Premier ministre Édouard Philippe, le député Gilles Carrez estime que le budget de la Société du Grand Paris, pour être viable, nécessite « des recettes supplémentaires estimées entre 200 et 250 millions d'euros par an » pendant 10 ans, et ce, dès 2019.
Pour dégager des revenus supplémentaires, le député suggère d’augmenter la taxe sur les surfaces de bureaux, dont s’acquittent déjà les entreprises franciliennes et qui sert à financer le Grand Paris Express. Idem pour la taxe spéciale d’équipement, qui n’a pas vu son montant évoluer depuis sa mise en place en 2011. L’augmentation de la taxe de séjour est également sur la table, puisque les touristes de passage dans la capitale française « empruntent également le réseau de transports franciliens ».
Société du Grand Paris : entrepreneurs et élus dénoncent la flambée des coûts et l’opacité de son fonctionnement
Ce rapport a suscité un vif émoi au sein du MEDEF Ile-de-France, qui estime dans un communiqué que « les entreprises franciliennes ne peuvent servir de variables d’ajustement aux dérapages budgétaires quels qu’ils soient ». L’organisation patronale rappelle que la Société du Grand Paris est déjà financée par des taxes prélevées sur les entreprises franciliennes pour une somme de 500 millions d’euros par an. « Contrairement aux perceptions de l’opinion, les prélèvements sur les entreprises sont remontés aux pics de 2013 et 2015 », met en garde le MEDEF Ile-de-France.
Colère également au sein de la classe politique francilienne : les présidents des sept départements d'Ile-de-France ont décidé de ne pas participer à l'élection du Président du Conseil de surveillance de la Société du Grand Paris et « laisser à l'État la responsabilité de nommer l'élu qu'il veut ». En dénonçant une « élection mascarade », les présidents de départements rappellent que « les raisons financières et techniques invoquées par l'État pour justifier [le report de la mise en service du Grand Paris Express et le passage de son coût de 25 à 35 milliards d’euros] n'ont jamais été explicitées de façon claire et convaincante ni à l'opinion, ni aux élus locaux ou nationaux, ni même au conseil de surveillance de la SGP, pourtant directement responsable du projet ».