Ségolène Royal mine l’axe franco allemand avec « bravitude »

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Par Ludovic Grangeon Modifié le 29 novembre 2022 à 10h07

Alors que nous entamons notre septième année de crise, et donc d'une autre ère, alors que l'axe franco-allemand est absolument nécessaire pour éviter l'effondrement de l'Europe d'ici 2017, la France n'en finit plus de multiplier les couacs.

Dernier exemple : l'incompréhension française du virage énergétique fait par de nombreux pays européens comme l'Espagne ou l'Allemagne. Ces deux pays étaient justement cités par la France comme l'exemple à suivre dans les énergies renouvelables. Avec sa « bravitude » habituelle, Ségolène Royal signait sous influence l'été dernier un arrêté tarifaire maintenant des subventions inouïes au profit d'un secteur d'initiés très influents. Elle leur construisait un pont d'or aux dépens du contribuable dont la facture d'électricité augmente de 30 % avec ce dispositif (CSPE). Même au niveau national, elle ignorait bizarrement la désapprobation de la Commission de Régulation de l'Energie, de la Cour des Comptes, de France Stratégie, et surtout les inquiétudes de Manuel Valls à propos de l'augmentation faramineuse de la CSPE sur 8 millions de ménages parmi les plus modestes, qui dépasse les allégements de l'impôt sur le revenu.

Le couac de Ségolène Royal était une difficulté de plus pour le Vice Chancelier allemand, Sigmar Gabriel qui négociait au même moment l'arrêt total des subventions pour des technologies inefficaces , appuyé par son pragmatique secrétaire d'Etat « vert » Rainer Baake. Il aurait fallu injecter 30 milliards d'euros pendant quarante ans pour obtenir 80 % du résultat attendu, et avec les incertitudes de la météo chaque jour !... La loi a été votée le 27 juin et elle est entrée en vigueur le 1er août. Il était temps... la facture du consommateur venait de doubler en cinq ans....sans résultat, avec la construction de 40 centrales charbon en urgence pour éviter la panne générale, et un gouffre budgétaire sans fin. Dernier aspect cruel du couac de Ségolène Royal, elle signait le 5 juin dernier son arrêté tarifaire en sens opposé de la nouvelle directive européenne sur l'énergie parue le 28 juin avec effet immédiat. Soit elle l'ignorait avec un curieux amateurisme, soit elle voulait l'ignorer avec un aveuglement qui intrigue.

En Espagne, tout système de subvention aux énergies renouvelables est définitivement supprimé depuis le 14 octobre dernier, sous la menace de l'effondrement total du système électrique espagnol entier et la perte de 20 000 emplois dans ce secteur « porteur ».

L'Allemagne et l'Espagne ont tiré les conséquences de technologies inefficaces subventionnées à prix d'or. Après les promesses et l'euphorie des agences privées qui clament partout que les énergies renouvelables créent des emplois sans aucune statistique officielle, l'Agence pour les énergies renouvelables allemande a annoncé le 30 septembre la douche froide : 25 000 emplois perdus en 2013. En France, on a beau tourner les annonces dans tous les sens, le solde réel de 650 emplois au lieu de 10 000 fait frémir.

L'argent capté par les spéculateurs aura détourné des subventions publiques vers d'immenses fortunes privées qui se moquent d'investir dans les vraies énergies renouvelables de demain, qui ne sont ni les vieilles éoliennes à hélices, ni les panneaux solaires à bas rendement et forte pollution des matériaux, mais des turbines silencieuses ou urbaines, des piles à combustible zéro carbone, des stockages mixtes solaire hydrogène, etc... dont les premiers exemplaires fonctionnent déjà un peu partout. Un seul exemple : la division équipements spéciaux de Rolls Royce en Allemagne, CFC, gère depuis plusieurs années des équipements remarquables zéro rejet carbone, en toute modestie, et surtout, ça marche toute l'année au lieu d'un jour sur cinq. De plus les nouvelles énergies renouvelables produisent localement, ce qui diminue les problèmes de réseaux, devenus un casse-tête avec les bricolages de l'éolien ou du solaire.

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Ludovic Grangeon a été partenaire de plusieurs réseaux d’expertise en management et innovation sociale de l'entreprise. Il milite à présent pour le développement local et l’équilibre des territoires au sein de différentes associations. Il a créé en grande école et auprès des universités  plusieurs axes d’étude, de recherche et d’action dans le domaine de l’économie sociale, de la stratégie d’entreprise et des nouvelles technologies. Il a également été chef de mission et président de groupe de travail de normalisation au sein du comité stratégique national Afnor management et services. Il a participé régulièrement aux Journées nationales de l’Economie, intervenant et animateur. Son activité professionnelle a été exercée dans l'aménagement du territoire, les collectivités locales, en France et auprès de gouvernements étrangers, à la Caisse des Dépôts et Consignations, dans le capital risque, l’énergie, les systèmes d’information, la protection sociale et la retraite.