Le revenu universel sera-t-il le grand changement sociétal post-coronavirus ?

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 8 avril 2020 à 11h29
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1050 EUROSLe salaire minimum en Espagne est de 1050 euros.

Le revenu universel est dans les cartons de la gauche de nombreux pays européens depuis des années, sans qu’aucun ne décide réellement de lancer cette réforme jugée pourtant fondamentale pour réduire les inégalités de richesse dans le monde. La crise du coronavirus Covid-19 pourrait toutefois enclencher l’engrenage… en Espagne, c’est le cas.

L’Espagne à l’arrêt et pays le plus touché d’Europe

Avec 141.942 cas, l’Espagne a surpassé l’Italie pour devenir le pays le plus touché d’Europe par le coronavirus, et le deuxième le plus touché du monde derrière les États-Unis. Le pays a également opté pour un confinement très strict, « à l’italienne », avec l’arrêt de toutes les activités économiques non essentielles. La crise a également entraîné une hausse du chômage, avec plus de 300.000 nouveaux inscrits.

La gauche espagnole, au pouvoir grâce à la coalition entre les socialistes et le parti plus radical Podemos, réfléchit à mettre en place un revenu universel pour faire face à la crise et, surtout, à l’après-crise. L’Espagne est un pays durement touché par la pauvreté avec 10 millions de personnes à risque et 30% de pauvreté infantile, selon le ministre des Droits sociaux Pablo Iglesias. « Les gens dans les situations les plus fragiles, qui ont perdu leur emploi, qui ont du mal à payer leur loyer ou à acheter des aliments de première nécessité au supermarché ne peuvent pas se permettre que le gouvernement ne prenne pas la situation à bras-le-corps ».

Pour commencer, donc, ce sera un « revenu minimum vital » qui sera lancé en Espagne, ciblant initialement les personnes qui en ont le plus besoin. Un projet pilote, selon le gouvernement, qui évoluera vers un système plus pérenne. Le quotidien El Pais estime que le montant versé aux Espagnols pourrait être de 440 euros par mois, bien que le gouvernement n’ait annoncé aucune somme. Il faut mettre ce montant en perspective avec les salaires espagnols : le salaire minimum brut y est de 1.050 euros par mois, soit près 30% inférieur à celui en France.

Un revenu universel en France ?

Est-ce que la France mettra en place, à la suite du Covid-19, un revenu universel ? Le gouvernement n’en parle pas. Mais, en réalité, il est déjà en train de se rendre compte que c’est nécessaire.

Ainsi, depuis le début de la crise, le gouvernement a annoncé qu’une aide aux SDF de 7 euros par jour, soit 210 euros par mois, sera disponible sous la forme de coupons… pour les achats de première nécessité tels que la nourriture ou encore les produits d’hygiène. Il est facile de penser qu’il s’agit là d’une forme de revenu universel (accessible sous conditions) qui ne dit pas son nom.

De même, la prise en charge par l’État de 100% du chômage partiel, que touchent 5,8 millions de salariés en France à la suite de la crise du coronavirus, n’est-elle pas également une forme de revenu universel puisque c’est, au final, l’État qui paye les employés que l’entreprise ne peut pas payer ?

Et le RSA, n’est-il pas une forme de revenu universel qu’on touche si on n’a pas d’autres revenus ? Certes, il est conditionné aux revenus, mais est universel au sens où tout le monde, le cas échéant, y a droit.

En somme, s’il ne dit pas son nom officiellement, le revenu universel existe sous différentes formes et la crise du coronavirus semble avoir accentué la prise de conscience de l’État français pour la nécessité des personnes à pouvoir se nourrir.

Après l’Espagne, il se pourrait donc que d’autres pays se mettent à réfléchir sérieusement à cette notion, quitte à changer le système d’aides sociales.

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio