Et de quatre. Depuis la rentrée, ce sont quatre perceptions - nouvellement baptisées centres des impôts - qui ont brulé. Et pas en Guadeloupe ou à Mayotte, mais bien dans l'hexagone. En tête de la révolte fiscale, bonnets rouges oblige, les bretons, avec deux incendies, dont le très médiatisé incendie de l'hôtel des impôts de Morlaix. Les savoyards leurs collent à la roue, avec l'incendie de l'hôtel des impôts d'Albertville dans la nuit de mardi à mercredi, et une tentative à Moutiers.
Quatre perceptions qui brûlent ou évitent de peu la destruction, il n'en fallait pas plus pour que le gouvernement s'en émeuve, d'autant qu'il n'y a pas que les incendies. Pas une semaine ne passe sans que des agriculteurs déversent du fumier devant tel ou tel batiment public, sans que des carreaux ou des serrures ne soient vandalisés. Tous les jours, des fonctionnaires des impôts sont pris à partie par des contribuables excédés, qui n'en peuvent plus de parler à un mur lorsqu'ils demandent pourquoi leurs impôts ont tant augmenté, pleurent pour une remise gracieuse ou même "seulement" pour un échéancier. Marylise Lebranchu, ministre de la Fonction Publique, est inquiète : "J'espère que cela ne fera pas tâche d'huile". Elle parle d'expérience : elle a été maire de Morlaix pendant dix ans, et sait de quoi ses anciens administrés sont capables lorsqu'ils sont en colère !
Le gouvernement paye en fait le prix des hausses d'impôts décidées l'an dernier et en début d'année, et qui commencent seulement maintenant à être visibles... et douloureuses pour les contribuables avec l'arrivée des avis d'imposition sur le revenu, et maintenant, des taxes foncières et d'habitation, dans les boîtes aux lettres. Paradoxe de la communication politique, Manuel Valls et Pierre Moscovici (quand il était encore à Bercy) sont aussi responsables d'avoir légitimé la violence, en ayant employé les termes de "ras-le-bol-fiscal" en 2013 pour l'ancien ministre de l'Economie et des Finances, et voici quelques semaines de "haut-le-coeur fiscal" pour Manuel Valls. Si même le gouvernement le dit, c'est que c'est vrai, et cela ne doit plus durer !
Parallélement au décompte des incendies ou dégradations de batiments publics, et en particulier de perceptions, il va falloir suivre de très près les premiers signaux de la collecte d'impôt sur le revenu, cru 2014. On devrait savoir d'ici la fin d'année si les percepteurs peinent à percevoir l'impôt et sont en retard sur les prévisions. 5 % de chute serait quasi "normal" dans le contexte actuel, mais à partir de 10 % (soit, sur une année complète d'impôt sur le revenu, plus de 5 milliards de "trou"), il y aurait matière à très fortement s'inquiéter....