Vous pensez déjà à votre retraite ou vous vous inquiétez pour son montant, mais avez-vous déjà fait une véritable analyse de vos besoins ? Notamment :
- De quel montant avez-vous besoin aujourd’hui pour vivre décemment ? Et une fois en retraite ?
- Comment évaluer vos perspectives patrimoniales familiales ?
- Comment évaluer la situation collective et individuelle au sein de votre couple ?
- Comment anticiper votre avenir, notamment en cas de dépendance ou d’hébergement en EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) ?
- Quand devez-vous commencer à agir pour votre retraite ?
- Est-il nécessaire de vous faire accompagner par des professionnels pour faire le point sur votre situation ?
Estimer le montant nécessaire aujourd’hui et demain
La première question à se poser concerne vos besoins financiers mensuels. Pour le savoir, calculez l’ensemble de vos revenus et l’intégralité de vos charges. En règle générale, pouvez-vous épargner une somme chaque mois ? Êtes-vous à l’équilibre ou au contraire plutôt à découvert ?
Les revenus comprennent l’ensemble des ressources perçues, notamment :
- le salaire net, complété des primes éventuelles, des remboursements de frais, des avantages en nature et du 13e mois éventuel ;
- les pensions de retraite ou de réversion déjà perçues ;
- les aides sociales, comme celle de la CAF si vous avez des enfants ;
- les pensions alimentaires perçues à la suite d’une séparation ;
- les revenus d’épargne éventuels ;
- les loyers si vous disposez de biens locatifs ;
- etc.
Les charges fixes comprennent :
- le coût du logement (loyer ou remboursement de crédit immobilier), très souvent le premier poste de dépenses ;
- les mensualités d’autres crédits comme les crédits à la consommation ;
- les dépenses liées aux consommations d’eau, d’électricité, de gaz, de télécommunications ;
- les impôts, même si désormais l’impôt sur le revenu est prélevé à la source dans la plupart des cas, il reste la taxe d’habitation (pour ceux qui la paient jusqu’en 2023) et la taxe foncière si vous êtes propriétaire, etc.
- le coût des transports quotidiens (voiture personnelle, abonnement SNCF ou RATP, etc.) ;
- le coût des assurances, de la scolarité, de la mutuelle, de la banque, etc.
- les dépenses d’alimentation.
Puis viennent s’ajouter les charges courantes sur lesquelles peuvent se faire les arbitrages chaque mois :
- dépenses de voyages ;
- dépenses de loisirs et vacances ;
- toutes les dépenses liées à la vie quotidienne.
En fonction du solde, vous décidez de mettre de côté chaque mois :
- une épargne de précaution, disponible pour financer des projets à court terme (prochaines vacances, achat d’un bien de consommation, imprévus, etc.) ; les Français utilisent majoritairement les livrets, en dépit d’une rentabilité très faible.
- une épargne patrimoniale pour préparer votre retraite, transmettre à vos enfants ou petits-enfants. Vous investissez alors dans des produits financiers plus ou moins risqués ou dans des biens immobiliers etc.
Quel que soit votre âge, reprenez ces chiffres et établissez un budget similaire au moment de votre retraite. Quelles sont les dépenses que vous conserverez ? Quelles sont celles qui augmenteront (comme la mutuelle santé par exemple ou les voyages et les loisirs) ? Ou disparaîtront (comme les crédits ou les dépenses liées à vos enfants) ?
De quoi ont peur nos retraités aujourd’hui ? Un sondage révèle que leurs craintes se focalisent sur : perdre en pouvoir d’achat, se voir refuser un prêt, ne pas pouvoir aider ses proches, voir sa santé se dégrader (source : sondage OpinionWay Sofinscope 2018).
Évaluer ses perspectives patrimoniales familiales
La question n’est pas anodine bien qu’elle puisse être perçue comme moralement dérangeante. Pourtant, il est évident qu’une personne dont l’héritage prévisible est important aura une perspective de retraite plus sereine qu’une personne sans aucune perspective d’héritage.
Cet aspect est à aborder selon deux angles : le patrimoine immobilier et le patrimoine financier. L’importance de votre héritage potentiel dépendra par ailleurs du nombre de personnes susceptibles de le partager avec vous (frères et soeurs par exemple). Vous devez donc être en mesure de connaître globalement le patrimoine de vos parents et partant de là, estimer votre héritage potentiel. Attention aux droits de succession si aucune disposition n’a été prise en amont !
Évaluer la situation individuelle au sein d’un couple
Même si la différence des pensions entre hommes et femmes tend à diminuer, l’écart reste important. Analysez donc votre situation actuelle professionnelle de manière individuelle : avez-vous des carrières similaires ? Avez-vous une grande différence d’âge qui vous conduira à ne pas prendre votre retraite au même moment ? Comment avez-vous anticipé vos placements ? Quel est votre projet de vie en retraite ?
Quelle est votre situation familiale ? Avez-vous des enfants ensemble ou des enfants issus d’unions précédentes ? Quel est votre régime matrimonial actuel ? Serait-il préférable de le modifier ? Par exemple, un couple peut s’unir sous le régime de la séparation des biens en raison d’un patrimoine important d’un côté ou d’une situation professionnelle particulière (profession libérale, entrepreneuriat). À l’approche de la retraite, pour mieux protéger le conjoint survivant, peut-être faut-il envisager une donation au dernier vivant, un changement de régime matrimonial pour adopter un régime communautaire ou bien encore se tourner vers la création d’une société d’acquêts ?
Que se passe-t-il si vous vous séparez d’ici la retraite ? Si l’un de vous décède ? Chaque question doit être posée sereinement pour vous permettre d’avoir une vision juste de votre avenir, commun ou non.
Anticiper le coût de la dépendance
Votre budget santé augmente avec l’âge et c’est normal : le reste à charge santé annuel passe ainsi de 595 € pour les 50-64 ans à 958 € pour les plus de 65 ans.
Il faut également anticiper l’âge de la dépendance. Si votre conjoint ou vous-même deviez aller séjourner en EHPAD ou solliciter des aides à domicile nombreuses, comment pourriez-vous financer ces dépenses nouvelles ? Par la solidarité familiale (vos enfants) et la solidarité collective (les aides sociales) ou par vos revenus ?
Gardez en tête également que, de plus en plus souvent, deux générations sont susceptibles d’être en retraite en même temps, avec l’allongement de la durée de vie. À 62 ans, il n’est pas rare d’avoir encore au moins un de ses parents en vie. Par conséquent, vous devez également envisager de devoir financer la dépendance de vos propres parents pendant votre retraite.
En effet, selon la DREES, en 2015, on comptait 1.459.000 personnes de plus de 60 ans vivant à domicile en perte d’autonomie, auxquelles s’ajoutent 584.000 personnes vivant en établissement. Le surcoût des dépenses liées à la perte d’autonomie des personnes âgées représentait 30 milliards d’euros en 2014, dont 23,7 milliards d’euros de dépenses publiques (79 %) et 6,3 milliards d’euros de dépenses à la charge des ménages. Il conviendrait d’y ajouter le travail informel et bénévole des 3,9 millions de proches aidants, dont la valorisation atteindrait 7 à 18 milliards d’euros.
Pour minimiser le coût de la dépendance pour les ménages concernés, la France a instauré une Allocation personnalisée d’autonomie (APA), dont le montant est corrélé au degré de dépendance, évalué par le GIR (Groupe iso-ressources). En EHPAD, le coût du « reste à charge » dépasse très souvent les revenus disponibles. Un rapport sur la dépendance publié en mars 2019 propose des pistes pour améliorer ce constat, par la création de nouvelles aides.
Ceci est un extrait du livre « Le Guide de la Super Retraite » écrit par Gerald Le Clanche, Thomas Chailloux, Fabrice Genty et Christophe Royé paru aux Éditions 1MIN30 PUBLISHING (ISBN-10 : 2377740278, ISBN-13 : 978-2377740277). Prix : 19,90 euros.
Reproduit ici grâce à l'aimable autorisation des auteurs et des Éditions 1MIN30 PUBLISHING.