Management : pourquoi faut-il se dire la vérité ?

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Par Jean-Jacques Montlahuc Publié le 21 avril 2019 à 10h28
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@shutter - © Economie Matin

S'intéresser à la vérité, c'est répondre aux enjeux contemporains du management, à savoir, clarifier les contributions, donner du sens, accélérer l'engagement et, par ce biais, augmenter la performance individuelle et collective. Et oui, l'entreprise est bien le lieu pour cela, car il s'agit d'un cercle vertueux qui sert la performance de l'entreprise. Et si une telle approche naît généralement sous l'impulsion du dirigeant, elle est une démarche puissante pour accompagner des changements au sein d'une organisation. Dans la mesure où elle permet des relations directes et franches, une circulation de la parole plus libre, la vérité est également une source d'harmonie dans les relations interpersonnelles.

La vérité met en lumière la réalité des problèmes rencontrés, voire les dysfonctionnements, parce qu'elle autorise l'expression des besoins, la révélation pour chacun de ses envies et de ses fragilités. La démarche conduit également à une simplification des relations dans la mesure où tout peut être dit, dans la bienveillance et au moment opportun.

Est-ce que cette démarche demande des compétences particulières ?

Pratiquer la vérité en entreprise est une ligne de conduite qui engage personnellement, car elle exige du courage, de la détermination et de l'humilité. C'est oser parler de son expérience personnelle et de sa représentation de la réalité, c'est aussi oser partager son opinion et son ressenti avec sincérité face à une situation.

Cela requiert en effet des dirigeants, managers qu'ils se reconnaissent et reconnaissent leurs collaborateurs dans leur singularité, leurs forces et leurs faiblesses. Nous avons tous expérimenté, dans le cercle professionnel et/ou personnel, combien la vérité de l'un appelle la vérité de l'autre.

Comment dépasser les obstacles ?

La vérité nous met face à nos rigidités, sources de dysfonctionnement et de souffrance en entreprise ! Nos rigidités sont de véritables protections qu'il ne s'agit pas de nier, mais de chercher à contourner en construisant des espaces de discussion sécurisés, dans lesquels nos vérités, et en particulier nos peurs, peuvent être exprimées et accueillies. Car si elles ne sont pas canalisées, nos rigidités finissent, à plus ou moins long terme, par parasiter la vie de l'équipe.

Les jeux de pouvoir deviennent alors l'enjeu numéro un de la vie de l'équipe. Il est donc essentiel de considérer les résistances de nos collaborateurs comme des informations à prendre en compte, comme l'expression d'un besoin à satisfaire pour créer une relation constructive de coopération.

N'y a-t-il pas une contradiction entre la pratique de la vérité et l'autorité ?

Les jeux de pouvoir dont nos entreprises sont trop souvent le théâtre, ont un lien direct avec le besoin d'asseoir son autorité, voire de pallier son manque d'autorité. En revanche, plus l'autorité est forte et saine, plus elle autorise l'accès à un espace de vérité.

La place de la vérité dans les organisations dépend donc de notre rapport au pouvoir et à l'autorité. Il n'existe pas de contradiction entre la pratique de la vérité et l'autorité. Au contraire, lorsqu'un manager crée un espace de vérité, il favorise le développement des membres de son équipe. Il est ainsi plus légitime et renforce son autorité.

Comment expérimenter la démarche de vérité en entreprise ?

La réussite d'une démarche de vérité suppose un changement de regard sur l'organisation et la mise en oeuvre d'un véritable projet managérial. Car moins que l'acquisition de techniques ou de savoir-faire, elle requiert l'appropriation d'une nouvelle posture qui appelle un travail sur son savoir-être relationnel, individuel et collectif.

Pour que cet engagement de vérité ne soit pas qu'une belle promesse ou un effet de communication, il faut proposer un nouveau contrat social aux équipes, fondé sur un engagement de vérité.

Ce contrat s'appuie sur un certain nombres de principes, comme par exemple :

  • L'espace protégé : Il s'agit d'offrir à une équipe un cadre sécurisé à l'intérieur duquel chacun pourra libérer sa parole, dire sa vérité, en toute sécurité. L'espace protégé se fonde sur des règles de fonctionnement co-construites avec l'équipe et confortées par une posture protectrice et sécurisante du leader.

  • L'intégration de l'histoire : Il s'agit de connaître et accepter l'histoire de l'équipe, les parcours de ses membres et leurs relations. Connaître son histoire, c'est être capable de la mettre en perspective, de l'interroger et d'en intégrer les fondements personnels et collectifs. Le devoir de mémoire ensemble et partagé, puis intégré et digéré, est un pilier essentiel de la démarche de vérité.

Faire émerger une culture de la vérité en entreprise demande du temps. Trois années sont nécessaires pour installer le concept et l'intégrer dans une pratique régulière. La vérité est un chemin.

Source : https://acteursdeleconomie.latribune.fr/debats/opinion/2019-01-10/management-pourquoi-faut-il-se-dire-la-verite-803374.html

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Jean-Jacques Montlahuc débute sa carrière professionnelle en tant que responsable informatique à Paris, avant de devenir consultant en marketing stratégique. Ses expériences et ses rencontres l’ont alors amené sur un chemin un peu différent : l’humain. Il a développé une appétence pour les relations humaines avec une envie forte d’accompagner les hommes et les équipes en entreprises vers la « performance globale ».  Suite à cela, Jean-Jacques Montlahuc se passionne pour le coaching et rencontre Vincent Lenhardt qui fait de lui un pilier de son réseau. En 2001, il devient coach en entreprise. Ce sont plus tard ses expériences sur le terrain qui le conduisent à structurer une approche et formaliser des outils pour faire de la vérité la base des relations dans l’entreprise.  Il organise aujourd’hui de nombreux séminaires, ateliers et conférences sur le sujet.  Jean-Jacques Montlahuc, 48 ans, est titulaire d’une maitrise d’informatique et de gestion.

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