Le drame de Charlie Hebdo, la manifestation monstre de ce week-end nous ont presque fait oublier que la Terre continue, malgré tout, de tourner. Depuis lundi, une escouade d'experts de la commission européenne est à Paris, enfermée dans la "date room" du ministère de l'Economie et des Finances, à Bercy. Pour y chercher quoi ? Des anomalies, ou plutôt, des arrangements avec la vérité.
On se souvient du jeu pervers qui a opposé le gouvernement à la commission en fin d'année dernière, Paris présentant un budget encore plus déséquilibré pour 2015 que ne l'était 2014 après corrections en cours d'année (4,4 % de déficit !), Bruxelles demandant à Paris de revoir sa copie. Pour que finalement Paris propose une nouvelle version, réalisant 3,6 milliards d'euros d'économies supplémentaires par un coup de baguette magique : Sans préciser où, sans préciser comment.
Nous voici dans le vif du sujet. Les experts de la Commission vont voir, in situ, avec les éléments qui leur seront fournis et qui sont par définition, sujets à caution, si les exigences de Bruxelles en matière d'ajustement budgétaire ont été entendues et mises en pratique. Irons-t-il plus loin que la simple analyse des données que les fonctionnaires de Bercy vont leur donner ? Techniquement, ils n'ont pas de pouvoir d'enquête, contrairement aux députés et sénateurs français par exemple. Ils ne dépendent donc que du bon vouloir des autorités françaises, pour en voir et en savoir plus.
Le travail des experts européens devrait durer plusieurs jours, voire plus, rien n'est encore annoncé à ce sujet pour le moment. En revanche, en terme de calendrier, on sait que la Commission Européenne doit annoncer en mars si le budget français pour 2015, "accepté" provisoirement pour l'instant, sera définitivement validé. Si Bruxelles faché, lui imposer une grosse amende à pays fautif : quand Bruxelles faché, lui toujours faire ainsi. Du moins, en théorie...