7 % de croissance en France : le grand mensonge

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By Jean-Baptiste Giraud Last modified on 28 janvier 2022 12h53
Croissance 2021 Mensonge
@shutter - © Economie Matin
240 milliards €La pandémie a coûté entre 170 et 200 milliards d?euros aux finances publiques, coût entièrement « financé » par la dette.

Oui, les 7 % de croissance mesurés par l'INSEE en 2021 sont une bonne nouvelle. C'est toujours mieux que 3 ou 0%... ou - 8%. Mais non, cela ne signifie pas que la France a "effacé les stigmates de la crise". En réalité, depuis deux ans, la croissance française est dopée à la dette comme jamais. Entre 170 et 200 milliards d'euros....

On se plaint depuis des années du faible niveau en maths des collégiens, lycéens et étudiants français. C’est la seule explication rationnelle pour comprendre comment des gens sérieux peuvent déboucher le champagne et pousser des « cocorico » sonores à l’annonce des 7 % de croissance française en 2021.

Le ministre de l’économie, qui n’est pourtant pas un imbécile, parle carrément de « rebond spectaculaire » qui « efface la crise économique ».

En réalité, Bruno Le Maire fait de la politique, pas de l’économie.

Retournons sur les bancs de l’école quelques instants. En 2020, le chiffre d’affaires (PIB) de l’entreprise France s’est effondré de 8 %. Sur cette période, une partie du chiffre d’affaires non réalisé par les entreprises a été compensé par des aides publiques. Salaires et charges de millions d’employés ont également été pris en charge jusqu’à 90 % par l’État. Des aides publiques versées avec de l’argent emprunté sur les marchés (une dette rachetée ensuite par la BCE, j’en reparlerai à la fin).

La croissance française pour 2020 a été sauvée par les aides publiques

Sans le soutien massif de l’État, le PIB de l’entreprise France n’aurait donc pas reculé de 8 %, mais de beaucoup, beaucoup plus. De combien ? Il se trouve que le gouvernement français nous donne lui-même la réponse ! Le total des aides mobilisées est estimé sur le site officiel « vie-publique.fr » à 9 % du PIB pour la période mars 2020-mars 2021.

Non, le PIB français n’a pas reculé de 8 % en 2020. Le fossé est beaucoup plus profond, peut-être de 17 % ! c’est ce que l’on obtient en additionnant le déficit de PIB constaté par l’INSEE, à la part de PIB sauvée ou remplacée par les aides, dixit l’Etat lui-même.

Vous l’avez compris, ce calcul est parfaitement valide pour le PIB 2021. Une grosse part des fameux 7 % de croissance est en réalité la conséquence d’un grand remplacement de chiffre d’affaires, de salaires et de charges, financés par Bercy.

Les médias n’ont pas vocation à aller sonner à la porte de chaque entreprise du secteur du tourisme, de l’événementiel ou du commerce pour ne citer qu’eux. Mais il est avéré que certains ont survécu grâce aux aides, et c’est tant mieux. D’autres sont même très contents, et en sortent gagnants. Je n’occulte évidemment pas le cas des nombreux autres, entrepreneurs, commerçants, indépendants, professions libérales, intérimaires, qui ont mangé leur pain blanc (réserves de trésorerie, économies personnelles ou crédits), et souffrent comme jamais depuis bientôt deux ans. La chute sera très, très dure demain. Il faut s'attendre à des dizaines de milliers de faillites dans les deux prochaines années.

La croissance française pour 2021 est dopée par la dette publique

Il n’empêche : on m’a demandé de commenter les chiffres historiques de la croissance française mesurée en 2021, du « jamais vu » depuis 52 ans en France, et l’une des meilleures en Europe et au monde. Cocorico !

Oui, c’est vrai, cette « croissance » est historique. Mais elle est bidon. Au même titre que les records olympiques des athlètes de la défunte République Démocratique d’Allemagne (RDA), dont on sait aujourd’hui qu’ils étaient tous dopés dans des proportions inimaginables… avec des conséquences dramatiques sur leur santé. Des victoires politiques, destinées à masquer la triste réalité d’un pays économiquement exsangue, qui ne produisait plus rien à la fin, survivant grâce aux prêts d’urgence accordés par la RFA.

Aujourd’hui, la France occupe une autre première place en Europe, et de loin. Celle du premier emprunteur, et celle du pays dont la dette a le plus augmenté pendant la pandémie.

Une dette financée en dernier ressort, par la BCE, dont le siège, clin d’œil à l’histoire, se situe à Francfort, en RFA.

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Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).

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