Une reprise rapide grâce à la digitalisation du métier, une demande toujours excédentaire et une possible mutation du marché permettent de rassurer sur l’avenir de l’immobilier français.
Une confiance maintenue
L’immobilier confirme son statut d’actif résilient : 79 % des projets immobiliers sont maintenus malgré la situation économique actuelle[1]. Les ventes sont davantage retardées qu’annulées. En plein confinement, les vendeurs étaient même 73 % à se déclarer confiants dans l’aboutissement de leur projet[2].
Le marché locatif n’occasionne pas davantage d’inquiétudes. La solvabilité des locataires s’est maintenue ces dernières semaines et la demande locative reste constante. Les loyers commerciaux suscitent davantage d’interrogations. Afin de limiter la casse, le Parlement a adopté un amendement qui permettra aux bailleurs et sociétés propriétaires de déduire de leurs revenus imposables d’éventuels loyers commerciaux auxquels ils renonceraient.
La dynamique du marché devrait se maintenir. Le gel des délais administratifs d’urbanisme ayant pris fin le 24 mai dernier, les acteurs s’accordent sur une échéance : l’impact de la crise sur l’immobilier ne pourra pas être constaté avant le mois de septembre au plus tôt. Après une baisse de 80 % des annonces immobilières durant le confinement[3], les professionnels tentent désormais d’accélérer la reprise. Recherche de logement, visite, signature à distance des actes notariés… Le métier s’est massivement digitalisé ces dernières semaines.
Un resserrement de l’accès au marché immobilier ?
La digitalisation du métier doit-elle cependant faire craindre un resserrement du marché ? Afin de limiter les risques sanitaires, les agents immobiliers n’hésitent pas à affirmer que les visites de biens seront réservées aux acheteurs les plus motivés. Faut-il entendre ceux « au meilleur dossier » ? Une certitude : la très forte demande, avant le confinement, permettra de maintenir une marge de biens à la vente même en cas de baisse du volume de transactions.
Dans ce contexte, la baisse des prix est l’option la moins plausible, particulièrement dans les zones tendues. Là encore, la mobilisation des autorités devrait rassurer. « Il est encore trop tôt pour déterminer l’impact précis de la crise sanitaire sur le prix de l’immobilier en France » selon Julien Denormandie, ministre chargé de la Ville et du Logement, affirmant qu’il allait être « essentiel de continuer […] d’aider les Français à investir dans l’immobilier. »
L’accès au crédit reste déterminant dans l’accès au logement. Les taux bas se maintiendront-ils ? Alors que les autorités financières prônaient un freinage ces derniers mois, le taux moyen s’est élevé à 1,17 % en avril. « Ajustement technique » plutôt que réelle remontée des taux, affirment les professionnels. Sans oublier le rôle de la BCE, tentée de miser sur une baisse des taux pour relancer l’économie, de Bercy qui appellera certainement à leur stabilisation et des banques pour qui le crédit reste un produit d’appel important. L’envolée des taux n’est donc pas pour demain.
Une mutation de la demande envisageable
Si la hausse généralisée des prix n’est pas le scénario privilégié, elle pourrait cependant être constatée localement si l’intérêt pour certains marchés se confirme. Les professionnels le ressentent déjà : les maisons avec jardin, les périphéries proches des métropoles ou la ruralité attirent davantage. Tendance passagère ou changement durable ? Difficile d’y répondre pour l’instant.
Un constat s’impose cependant : celui d’un problème de logement pour de nombreux Français. La recherche d’un logement plus grand ou d’espaces verts plus importants pourrait aboutir à un élargissement du secteur géographique des acheteurs. Faut-il dès lors craindre une hausse des prix plus importante dans ces espaces ? Pas nécessairement, les métropoles ayant bien résisté ces dernières semaines. Pour cause : elles concentrent les centres économiques et donc les travailleurs, quand bien même la pratique du télétravail pourrait se généraliser.
Reste à observer les mutations urbaines : les pistes cyclables – temporaires, ou non – se multiplient aussi bien dans les métropoles que dans les villes moyennes qui pourraient y gagner en attrait dans les mois à venir.
[1] Sondage OpinionWay réalisé pour Egide Informatique : 19 au 24 avril 2020
[2] Étude réalisée par SeLoger en avril 2020
[3] Données Yanport, start-up française spécialisée dans les données immobilières