Au lendemain de la présentation du Projet de Loi des Finances 2016 il est l'heure de faire les comptes car les annonces ont été nombreuses et variées... et parfois opaques. Car si le gouvernement annonce un effort d'économies de près de 16 milliards d'euros pour l'année 2016, les dépenses de l'Etat, au final, augmentent. Et encore : tout ça n'est vrai que si la croissance est conforme aux prévisions de Bercy.
Le déficit de l'Etat baisse un peu, la dette augmente toujours
Selon la Loi des Finances 2016 l'Etat a réussi à baisser ses dépenses... ou plutôt son excédent de dépenses. Il manquera à l'Etat "seulement" 72 milliards d'euros pour avoir un budget à l'équilibre en 2016. C'est un peu moins que les 73 milliards d'euros qui manquaient en 2015... mais ça fait tout de même augmenter la dette.
Cette dernière va atteindre, en 2016 et si aucune dépense exceptionnelle ne vient tout chambouler, 2148 milliards d'euros. Soit 96,5% du PIB. Et encore : seulement si la croissance sera bien de 1,5% en 2016 chose à laquelle croit Bercy, à laquelle croit un peu moins le Haut conseil des Finances et à laquelle ne croit pas l'OCDE qui table sur 1,4% de croissance. Si l'OCDE a raison, tout le programme du gouvernement s'effondre.
Car le programme est clair : réduire le déficit à 3,3% du PIB en 2016 afin de le porter à moins de 3% en 2017 et ainsi rentrer en conformité avec le Pacte de Stabilité signé par les pays membres de l'Union Européenne.
Une petite baisse des impôts à l'horizon
En attendant, et afin de redorer son image auprès des Français (rappelons qu'en 2017 il y a l'élection présidentielle pour laquelle la gauche est assez mal partie), le gouvernement a annoncé vouloir "mettre fin au ras-le-bol fiscal". Et pour ce faire rien de mieux qu'une petite baisse des impôts.
La pression fiscale devrait donc baisser en 2016 à 44,5% contre 44,6% en 2015 et 44,9% (son maximum depuis le nouveau millénaire) en 2014.
C'est possible, entre autres, grâce à une baisse des dépenses de l'Etat de 16 milliards d'euros en 2016 à 374,8 milliards d'euros. Mais cette baisse cache une hausse : en 2015 les dépenses de l'Etat sont estimées à 366,3 milliards d'euros. La "baisse" n'est donc en réalité qu'un ralentissement par rapport à ce qui aurait dû être dépensé par l'Etat si la question du Pacte de Stabilité n'était pas en jeu (Bruxelles a déjà menacé à trois reprises la France de lui coller une amende si elle ne rentrait pas dans les clous).