Les amendes, qu'elles soient pour stationnement interdit ou pour excès de vitesse ou parce qu'on a répondu à un appel, ne font jamais plaisir. Leurs montants nous font rager contre l'Etat, les policiers, le monde entier. Alors si au moins l'argent ainsi récolté (1,7 milliard d'euros en 2012 répartis sur 24 millions de PV) servait à ce pour quoi il est prévu, l'entretien des routes et la sécurité des conducteurs, on serait contents.
Mais la Ligue Des Conducteurs (LDC), après un travail d'enquête, a découvert que cet argent sert à... tout et n'importe quoi. Et surtout à financer des choses qui sont à des années-lumière de la voiture ou de la route.
Financer tout « selon le bon vouloir du prince au pouvoir »
La LDC épingle dans cette enquête l'absence totale « de contraintes de répartition » de la manne financière que représentent les PV et autres contraventions. Selon elle, c'est simple : « Les sommes sont distribuées selon le bon vouloir du prince au pouvoir ».
C'est ainsi que l'argent d'un excès de vitesse se retrouve employé à désendetter l'Etat (passe encore), à améliorer les transports publics (soit)... mais également à améliorer le système de transport fluvial ou encore pour financer la construction de la ligne TGV Est. Et là, pour le coup, le rapport avec la voiture est difficile à voir.
Le cercle vertueux des radars et des PV
La LDC, non sans ironie, montre également que l'argent des contraventions sert effectivement à quelque chose en rapport avec la route... mais ce n'est pas la réfection du goudron : c'est l'entretien et le déploiement des radars. Plus nombreux et plus performants. Pourquoi ?
Le déploiement des radars avec l'argent des radars (et autres contraventions) est un cercle totalement vertueux pour le gouvernement (et vicieux pour les conducteurs). L'équation est la suivante :
Les radars servent à donner des PV ; les PV rapportent de l'argent ; avec cet argent on répare et on déploie des radars ; il y a donc plus de radars qui donnent plus de PV ; plus de PV ça signifie plus d'argent... Et ainsi de suite. Magique n'est-ce pas ?
D'ailleurs le gouvernement le sait bien : en 2014 il a investi 220 millions d'euros dans les radars... soit une somme en hausse de 68%... étrange en cette période de réduction des dépenses, n'est-ce pas ?