Alors que le Gouvernement n’a toujours pas accepté la proposition de Barbara Pompili du gel de 6 mois des autorisations d’entrepôts de e-commerce, sur le terrain l’autorisation des projets continue inexorablement. Les Amis de la Terre et FNE 90 ont déposé ce matin un recours contre le permis de construire du centre de tri de 76 000m2 d’Amazon à Belfort. Un projet qui aggraverait l’impact climatique, économique et fiscal d’Amazon au niveau national, mais qui va également artificialiser une zone humide et agricole sans qu’aucune mesure protectrice de la biodiversité n’ait été prise.
FNE 90 et les Amis de la Terre France ont déposé ce matin un recours contentieux contre le permis de construire du centre de tri de 76 000m2 de Belfort. Le centre de tri fait partie des 13 projets d’entrepôts d’Amazon, destinés à doubler, à terme, son activité en France. A ce titre, il va contribuer à l’explosion de l’empreinte carbone induite par l'importation d’1,3 milliard [1] de produits supplémentaires par an, ainsi qu’à l’accélération des destructions d’emplois en cours dans le commerce non alimentaire. Ce projet est également une catastrophe pour l’artificialisation des terres. Louis Cofflard, avocat des Amis de la Terre explique : “Après les déclarations enflammées du Président sur l’artificialisation devant la Convention Citoyenne pour le Climat, les Amis de la Terre attendent de l’Etat un refus de délivrer l’autorisation d’exploiter au projet, qui représente tout ce qu’il ne devrait plus être possible de faire : artificialisation d’une zone humide de 13 hectares, destruction d’espèces protégées, non respect de l’avis du Commissaire enquêteur, non respect du Schéma de Cohérence Territorial…”
Pourtant, le Gouvernement ne semble toujours pas s’engouffrer dans la brèche ouverte par Barbara Pompili. Alors que le projet Amazon de Belfort, mais aussi celui d’Ensisheim de 190 000m2 sont en passe d’être autorisés par les préfets, aucune confirmation ne tombe pour un gel de 6 mois des autorisations d’entrepôts de e-commerce et de la réalisation d’une étude d’impact sur le sujet [2].
Le Gouvernement semble bien décidé à traiter différemment zones commerciales et entrepôts e-commerce, alors que cette distinction est fragile juridiquement et que les Citoyens de la Convention pour le Climat lui ont fait part de leur volonté d’inclure ces entrepôts dans le moratoire [3].
Les résistances se jouent au plus haut niveau, probablement celui de l’entourage du Président. Ministre de l’économie sous François Hollande, Emmanuel Macron a été l’artisan d’une stratégie visant justement à attirer les plateformes logistiques en France. Loin d’être inspiré par des considérations écologiques, ni même d’économie réelle, le refus d’inclure les entrepôts de e-commerce dans le moratoire serait motivé par la volonté de ne pas perdre la face, et de ne pas se mettre à dos les marchés financiers ainsi que les Etats-Unis et la Chine, qui verraient d’un mauvais oeil le frein à l’expansion de leurs premières capitalisation boursières.
Exclure les entrepôts de e-commerce du moratoire serait une faute historique. Ce serait offrir un pont d’or aux géants du e-commerce, responsables d’un déficit fiscal colossal, et accélérer les destructions de plus de 26 000 emplois [4] en cours dans le commerce non alimentaire. Aux Etats-Unis, 70 000 magasins vont fermer d’ici 2030 [5], et plus personne ne se pose la question de savoir si le e-commerce détruit plus d’emplois qu’il n’en crée. Il faut cesser l’hypocrisie et l’irresponsabilité.
[1] chiffres obtenus grâce à la projection à partir du nombre de produits transitant annuellement par l’entrepôt de Brétigny-sur-Orge.
[2] RTL, INFO RTL - Pompili envisage un moratoire pour interdire l'ouverture de nouveaux entrepôts d'e-commerce, 17 juillet 2020
[3] Interview de William Aucant dans la matinale de France Inter le 16 juillet 2020
[4] Conforama, Naf Naf, André, la Halle, Célio, Orchestra, Camaïeu en procédure de sauvegarde