Altice voulait 100 % de SFR, l’AMF lui répond « niet » et bloque tout

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 5 octobre 2016 à 6h00
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cc/pixabay - © Economie Matin
84 MILLIONS €SFR est en perte de 84 millions d'euros au premier semestre 2016.

Le holding luxembourgeois Altice, maison-mère de Numericable-SFR devenue seulement SFR, voulait faire une opération de grande envergure sur sa filiale : en prendre le contrôle à 100 %. Une OPE sur la part de capital encore aux mains des actionnaires minoritaires de SFR devait donc être lancée par Patrick Drahi. Il n'en sera rien : l'AMF a bloqué toute l'opération sans, pour l'instant, donner de précisions.

Altice n'aura pas SFR, l'AMF juge l'opération "non conforme"

Les explications de l'AMF ne seront connues que mercredi 5 octobre 2016 dans la soirée mais la décision a été rendue mardi 4 octobre 2016 : Altice ne pourra pas prendre le contrôle total de SFR. L'OPE (Offre Publique D'Echange) que Michel Combes, directeur général d'Altice, et Patrick Drahi, actionnaire principal du holding luxembourgeois, voulaient lancer n'aura pas lieu.

L'OPE prévoyait un échange d'actions à hauteur de 5 actions SFR contre 8 actions Altice. Le holding espérait convaincre les actionnaires minoritaires qui détiennent encore 22,25 % du capital de l'opérateur français en pleine crise et qui prévoit des licenciements massifs dès 2017. Sans compter le risque d'amende pour Gun Jumping qui pend au nez du groupe.

Le coup est dur pour Altice et pour ses projets... surtout que l'AMF a interdit au holding de tenter une opération similaire à l'avenir.

Pourquoi l'AMF a bloqué l'opération d'Altice sur SFR ?

Si l'AMF n'a pas encore donné de raisons particulières, quelques pistes justifiant cette position inédite dans l'histoire de la Bourse française peuvent être imaginées. A commencer par le profil des deux entreprises qui n'est pas du tout le même.

SFR est un opérateur français dont les investissements et les actifs se trouvent essentiellement en France. S'il n'est pas exclu que le groupe détienne des filiales un peu partout, le gros de son chiffre d'affaires et de ses actions est mené sur le territoire. Pour les actionnaires c'est une visibilité non-négligeable. Au contraire, Altice est un holding, qui plus est basé au Luxembourg, dont les investissements se font partout dans le monde. Récemment le groupe est entré sur le marché télécoms américain et plusieurs investissements avaient déjà eu lieu en Portugal ou encore Israël. L'action représente donc un risque bien plus élevé que pour SFR : une mauvaise opération à l'autre bout du monde peut fortement en influencer la valeur.

Autre possibilité : la valeur de l'action en termes de droits de vote. Chez Altice, il y a deux typês d'actions et seulement un était concerné par l'échange, le type ordinaire donnant droit à un seul droit de vote. Patrick Drahi, au contraire, détient des actions de type B, spéciales, qui donnent droit à 25 droits de vote ce qui permet au milliardaire de garder le contrôle de son holding même en étant minoritaire au capital.

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Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio