L’agriculture française est une des plus brillantes au monde. Grâce à climat favorable, à des sols fertiles, à une organisation et une recherche efficaces, aux compétences des agriculteurs, elle réalise de très belles performances. Ainsi en trente ans les prix réels à la production ont baissé de 60%, la production agricole a augmenté de 30% et le revenu par agriculteur a doublé tandis que le nombre d’exploitations agricoles était lui divisé par plus de deux.
Des produits de qualité accessibles à tous
Notre excédent commercial agroalimentaire dépasse les dix milliards d’euros par an. Les agriculteurs français nous fournissent donc une alimentation de qualité, à des prix accessibles, font rentrer des devises et constituent pour notre pays un atout stratégique majeur. Pourtant il y a de nombreuses manifestations d’agriculteurs. On entend souvent dire que notre agriculture est en crise et perd de sa compétitivité.
Les agriculteurs traversent en effet actuellement une grave crise de confiance dans leur avenir. Ils sont confrontés à triple défi majeur :
Il y a d’abord le défi de la transition écologique. Les techniques agricoles sont en train de changer pour construire une agriculture moins consommatrice d’intrants chimiques et d’énergie tout en produisant davantage, c’est tout le défi de l’agro-écologie. Cela demande innovations, mutations, changement de pratiques…chacun dans sa vie connaît les difficultés du changement, c’est encore plus difficile quand certaines solutions sont à inventer et que son revenu quotidien en dépend.
Il y a ensuite le défi de la libéralisation économique. Depuis quinze ans les marchés ne sont plus régulés par l’union européenne. Les opportunités à l’export se développent (nous exportons la moitié des céréales, quarante pour cent du lait et trente pour cent des porcs produits en France) mais nous sommes entrés dans une période de volatilité des prix agricoles. Ceux ci sont globalement bien orientés et se situent en tendance à un niveau nettement supérieur à celui de la décennie précédente mais ils peuvent varier de quarante pour cent d’une année à l’autre. De ce fait la gestion de l’exploitation agricole doit considérablement évoluer pour s’adapter à ses variations brutales (systèmes agricoles plus résilients, capacité à anticiper et décider rapidement, savoir faire commerciaux, constitution de réserves de trésorerie).
Un métier complexe et une diversité grandissante
Il y a enfin l’enjeu de la diversité grandissante de nos agricultures. C’est un formidable atout mais aussi une difficulté à dépasser. La différence de taille, de système biotechnique, de mode de commercialisation va croissante entre les entreprises. Ayant deux ou cinq cents hectares, produisant en agriculture conventionnelle, biologique ou en permaculture, en plaine en bocage ou en zone périurbaine, produisant pour la Chine ou pour le marché local, vendant directement au consommateur ou à une industrie, constituée d’un agriculteur travaillant seul ou avec quinze salariés, toutes sont des exploitations agricoles professionnelles et familiales. Toutes peuvent proposer des produits de qualité et respecter notre environnement. La politique agricole doit permettre à tous ces types d’entreprises agricoles de prospérer harmonieusement.
Le métier d’agriculteur devient donc beaucoup plus complexe et nécessite des compétences de plus en plus larges et diverses. Les agricultrices et les agriculteurs français ont tous les atouts pour réussir ce virage décisif. Nous devons pour cela les accompagner en définissant une véritable politique agricole nationale et moderniser notre cadre réglementaire. Cette politique doit s’appuyer sur un consensus national à construire à partir d’un large débat entre tous les syndicats agricoles, l’Etat, les associations de consommateurs, les mouvements écologistes, l’industrie et la distribution.
L’agriculture est au cœur de nombreux enjeux de notre société moderne : alimentation et santé, cadre de vie et environnement, culture et lien social, géopolitique et sécurité alimentaire. Sachons faire confiance aux agricultrices et aux agriculteurs français, ils représentent un atout important pour le bien-être de notre société et son développement économique.