L’avenir des petites librairies en danger

Face à une conjoncture économique difficile, les petites librairies françaises sont en danger. Une étude révèle une rentabilité en baisse et des perspectives inquiétantes pour les années à venir. Les libraires appellent à une intervention urgente des pouvoirs publics et des acteurs du marché du livre pour éviter des faillites massives.

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Par Aurélien Delacroix Publié le 18 juin 2024 à 11h30
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1,3%Les librairies indépendantes pourraient enregistrer une perte de 1,3% en 2024.

L'organisation professionnelle des libraires a exprimé ses inquiétudes à propos des risques de faillite qui pèsent sur les petites librairies indépendantes en France. Une étude réalisée par le cabinet Xerfi, à l'occasion des Rencontres nationales de la librairie à Strasbourg, met en lumière leur fragilité économique accentuée par une hausse continue des charges.

Premiers signaux d'alarme

En France, il existe environ 3.700 librairies indépendantes, un chiffre en augmentation depuis 2019, selon le Syndicat de la librairie française (SLF). Malgré cette croissance, ces établissements sont confrontés à des marges très réduites. Les entrepreneurs et les salariés de ce secteur, souvent payés au minimum légal, restent animés par une passion indéfectible pour leur métier.

L'étude de Xerfi révèle que les librairies présentent « une rentabilité parmi les plus faibles du commerce de détail », avec un bénéfice net de seulement 1,1% du chiffre d'affaires en 2022. Seuls les magasins de chaussures, d'informatique et de fleurs font pire en termes de rentabilité.

Après une année 2021 exceptionnelle, suivie d'une année 2022 plus ordinaire et une année 2023 médiocre, les perspectives pour 2024 et 2025 sont peu encourageantes. Xerfi prévoit que les grandes librairies maintiendront une rentabilité stable de 1,7%, tandis que les moyennes verront leur rentabilité baisser à 0,8%. Les petites librairies, quant à elles, pourraient enregistrer une perte de -1,3%.

L'appel à l'aide des petites librairies

Pour compenser la hausse des charges (personnel, loyers, transports, énergie), Xerfi estime que les librairies devront générer un chiffre d'affaires supplémentaire de 5 à 8% d'ici 2025. « Cette croissance paraît hautement improbable », déclarait début juin Amanda Spiegel, vice-présidente du SLF, lors d'une conférence de presse. Elle appelait les pouvoirs publics et les acteurs du marché du livre (éditeurs, diffuseurs et distributeurs) à des concessions pour éviter des fermetures en série. « En l'absence de mesures en faveur des librairies, la plupart d'entre elles se retrouveront déficitaires d'ici deux ans », avertissait-elle.

Les libraires demandent une « baisse drastique » de la production pour pouvoir exercer leur métier de manière plus qualitative. Ils exhortent également les groupes d'édition à appliquer aux libraires des tarifs avantageux, similaires à ceux offerts à d'autres vendeurs de livres comme Amazon, et à s'aligner sur les pratiques commerciales des groupes Editis et Madrigall, jugés plus vertueux.

Enfin, le SLF réclame aux pouvoirs publics une réduction de la remise de 9% accordée aux collectivités locales pour les achats destinés aux bibliothèques, à 5%. Cette mesure pourrait aider à stabiliser les finances des petites librairies et leur permettre de continuer à jouer un rôle crucial dans la promotion de la culture et de la littérature en France.

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De formation économiste, Aurélien s'est spécialisé dans le domaine de la technologie, plus particulièrement dans l'émergence de l'intelligence artificielle et ses implications sociétales.

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