Industrie automobile : l’UE dit NON à la révision de son calendrier CO2

Non, c’est non ! Malgré la demande de report de son calendrier CO2 par les constructeurs automobiles européens, l’Union européenne persiste et signe à le maintenir.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Modifié le 23 septembre 2024 à 11h40
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Industrie automobile : l’UE dit NON à la révision de son calendrier CO2 - © Economie Matin
10,8%Le marché européen des voitures électriques a enregistré une baisse de 10,8 % sur un an, en juillet 2024.

L’Union Européenne refuse de modifier son calendrier CO2

La Commission européenne reste inflexible face aux appels des constructeurs automobiles européens qui demandent un (petit) report des objectifs de réduction des émissions de CO2 : à 2026 pour les véhicules légers et à 2027 pour les véhicules lourds. Dès 2025, l'exécutif européen exige que les constructeurs automobiles européens aient réduit les émissions de carbone de leur production de 15 % par rapport aux niveaux de 2021. Comme le rapporte Euractiv, Tim McPhie, porte-parole de la Commission, a réaffirmé la position de l'UE, lundi 16 septembre 2024, en déclarant : « L’industrie a eu un certain temps pour se préparer à cette nouvelle phase de la transition. Les objectifs qui s’appliquent à partir de 2025 ont été adoptés par les co-législateurs en 2019. »

En août 2024, les véhicules électriques représentaient seulement 12,5 % des ventes automobiles, avec une baisse de 10,8 % sur un an. Si cette tendance persiste, les constructeurs risquent jusqu’à 15 milliards d’euros d’amendes dès 2025, selon les estimations de l'Association des Constructeurs Européens d'Automobiles (ACEA). La Commission européenne reste cependant sourde à ces avertissements, estimant que le secteur a eu suffisamment de temps pour se préparer à cette transition.

Des objectifs irréalistes selon les constructeurs européens

Les constructeurs automobiles européens, notamment via la voix de Luca de Meo, PDG de Renault et président de l'ACEA, après avoir gardé leur calme, dénoncent un calendrier qu'ils jugent irréaliste. D'autres, tels que Carlos Tavares, PDG de Stellantis appuient la calendrier de CO2 de la Commission européenne estimant ainsi qu'il serait « surréaliste de changer maintenant les règles ». Néanmoins, selon Luca de Meo, pour atteindre les objectifs imposés par l’UE, les ventes de véhicules électriques devraient représenter 20 à 22 % du marché d'ici 2025. Rr celles-ci ont reculé de 10,8% entre juillet 2024 et juillet 2023. Concrètement, cela signifie que les constructeurs automobiles européens doivent réussir à vendre une voiture électrique pour quatre thermiques, ce qui apparaît, au vu du marché actuel, hors de portée.

L'enjeu est d'autant plus important que l'industrie automobile joue un rôle majeur dans l'économie européenne. Avec 13 millions d'emplois, ce fleuron économique représente pas moins de 8 % de la production industrielle européenne, et près d'un tiers des investissements du continent. Des milliers d'emplois sont donc menacés. Selon les estimations de Luca de Meo, pour éviter les amendes, les constructeurs n'auront d'autre choix que de réduire leur production de plus de 2,5 millions de véhicules thermiques, ce qui entraînerait la fermeture de plusieurs usines à travers l'Europe. Une voie vers laquelle se tournent déjà plusieurs constructeurs automobiles européens, notamment VolkswagenAudi, et ...Stellantis.

Le PDG de Renault et président de l'ACEA rappelle également la responsabilité de certains gouvernements, notamment celui de l'Allemagne, qui ont mis fin à leurs aides publiques à l'achat d'un véhicule électrique et qui accusent un retard dans le déploiement de leurs réseaux de bornes de recharge. Résultat chez nos voisins Outre-Rhin : les ventes de ce segment ont chuté de 70 % en une seule année. « Il faut plus de flexibilité et de cohérence », avait ainsi martelé Luca de Meo au micro de France Inter.

Un bras de fer entre les lobbies

À quoi bon maintenir un calendrier si celui-ci paraît se solder par un désastre annoncé ? Pour les lobbys environnementaux, tels que Transport & Environment, tout retard dans le calendrier CO2 serait une régression par rapport aux engagements environnementaux pris par l’Union européenne. Selon ces organisations, les constructeurs tentent de manipuler la situation en exagérant les impacts économiques afin de ralentir une transition inévitable vers une mobilité propre.

Ce n'est donc que le début d'un bras de fer entre ces deux puissants lobbys, industriels et environnementaux. Pour le moment, l'Union européenne semble déterminée à respecter son calendrier CO2, mais les négociations en coulisses se poursuivent.

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Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

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