Le prochain Projet de Loi de Finances de la Sécurité Sociale (PLFSS) qui va entrer en débat très prochainement à l’Assemblée Nationale prévoit de réduire de 500 millions d’euros les aides apportées aux parents qui mettent au monde un enfant.
Concrètement, la PAJE (Prestation d’Accueil du Jeune Enfant) sera fortement réduite : le plafond de ressources maximum pour en bénéficier sera abaissé, privant quelques 80.000 jeunes familles de tout droit. Le montant de cette allocation sera également réduit privant les familles les plus modestes de 180 € d’aides annuelles, soit l’équivalent du budget couches pendant 4 mois. Ces modifications s’appliqueront à tous les enfants nés après le 1er avril 2018, générant quelques 125 Millions d’économies dès la première année et 500 millions à moyen terme. Le nombre de bénéficiaires de la prime de naissance baissera également, du fait d’un durcissement des conditions d’attribution.
Mais est-ce juste de baisser ainsi les aides à la petite enfance ? Est-ce équitable de mettre à contribution les seuls ménages des classes moyennes et modestes qui vont mettre au monde un enfant pour générer les économies dont le pays a besoin.
Le quinquennat de François Hollande a vu les aides aux familles baisser drastiquement avec la baisse répétée du quotient familial, la modulation des allocations familiales, la réforme du congé parental partagé qui a limité sa durée à deux ans pour la plupart des familles, la baisse du complément modes de garde de la PAJE et sa modulation en fonction des ressources des familles. Le bilan complet de cette politique n’est pas encore dressé mais on constate déjà une forte baisse de la natalité : 140.000 enfants de moins sont nés au cours du dernier quinquennat que pendant les 5 années précédentes. La réforme du congé parental partagé a totalement désorganisé le système de modes de garde, générant une hausse des demandes de crèches insatisfaites alors même qu’il y a moins d’enfants à garder. L’industrie de la petite enfance (alimentation, puériculture, vêtements, soins, jouets…) est en net recul et tout un pan de l’économie souffre. Dans trente ans, tous ces enfants qui ne sont pas nés feront défaut pour financer les retraites des adultes d’aujourd’hui et pérenniser notre modèle social.
Alors oui, à court terme, économiser sur le budget de la branche famille de la sécurité sociale permet de clamer : « Nous sommes revenus à l’équilibre ». Mais à moyen terme, quelle France construisons-nous ? Quelle place faisons-nous aux jeunes familles qui accueillent un enfant ? Quel modèle de société préparons-nous pour le futur ? L’économie totale générée par la baisse de la PAJE représente 2,2 € par français adulte en 2018. Est-ce juste de demander jusqu’à 2.200 € d’effort aux seules familles qui sont en train de donner à la France les enfants dont elle a besoin ? Ne serait-il pas plus avisé de répartir l’effort sur tous les français et de continuer à faire de la France un pays où les bébés sont les bienvenus ?